Terre verte - Nobuo Yamagishi - 1989 - Tokyo

L’œuvre de Bertille de Baudinière.
Lorsque nous regardons la scène, nous pouvons difficilement dire que l’image est très colorée. Malgré tout, il y a quelque chose dans le travail de cette artiste, qui ne peut m’empêcher d’attirer mon attention et me donne la sensation d’une atmosphère paisible tout autour de moi.
En face de l’œuvre, n’importe qui remarquera que le sujet choisi est quelque chose de très banal dans notre vie urbaine quotidienne – Les scènes représentent une fenêtre dans son atelier, une fenêtre d’appartement et peut-être la fenêtre d’un train durant le trajet qui va de chez elle à son université. Il me semble qu’elle n’a pas besoin d’un lieu ou de matériel particulier pour créer une œuvre d’art. Elle choisit de travailler sur des sujets ordinaires que vous pouvez ressentir encore et encore durant votre quotidien, des thèmes que beaucoup de gens considèrent comme ennuyeux et fatiguant. Cependant, entre ses mains, ces sujets sont libérés de leurs poids et formes rigides et commencent à bouger librement. Il nous semble que les murs colorés s’agrandissent, sortent des fenêtres, des persiennes, passent devant les gardes- corps………tout se réduit en une équivalence de lumière et le monde de la matière est contraint à battre en retraite. Les lignes et les couleurs sont appliquées avec désinvolture, difficilement visibles, comme si le contour de l’objet restait, semblable à une “après-image”. Pourrions-nous considérer ceci comme des choses que nous avons perçues ou des iconographies, des vestiges gardées dans nos mémoires ?
Ceci est le charme de la surface plane du dessin vers laquelle sont attirés les artistes.
Nous sommes aveugles devant l’esthétique de notre environnement naturel et seul notre inconscient reconnaît ce monde sensible, mais le travail de Baudinière parvient justement à jeter une lumière sur ces circonstances particulières, grâce à sa sensibilité artistique.


Novembre 1989, Tokyo Nobuo Yamagishi
Critique d’Art
Terre verte